• Un jeune styliste d’Agadez tisse un réseau d’espoir

    Calme, un éternel sourire accroché aux lèvres, le jeune styliste Ahmed Aboubacar d’Agadez fait aujourd’hui la fierté de la capitale de l’Air. Ahoumata comme l’appellent affectueusement les nombreux clients qui se pressent à la boutique familiale rue Mano Dayak, face à la mosquée Tendé du quartier Amdit, est un « créateur né », tombé dès son plus jeune âge dans la marmite de la couture traditionnelle. Il faut dire qu’il est allé à la bonne école : son père El Elh Konjé, connu de tous pour son talent et le sérieux qu’il met dans son métier de couturier, lui a dévoilé tous les secrets de son art.

    Sa carrière de styliste moderne a véritablement commencée quand il a accepté d’habiller le célèbre groupe de rap Emankayan d’Agadez. Depuis le concert donné à l’occasion du lancement de son album Cous-Cous, le groupe retient l’attention par sa façon de s’habiller en scène, une tenue inspirée de l’habillement traditionnel de l’Aïr et mise de façon géniale au goût du jour. Pas étonnant qu’Ahmed se soit constitué une clientèle d’inconditionnels, parmi les rappeurs, certes, mais aussi nombre de jeunes d’Agadez et de Niamey, sans oublier les touristes, fous de ses créations.

    Depuis 2004, Ahoumata a aussi pignon sur rue au quartier Château 1 de Niamey, où il partage une boutique avec son vieil ami Le Roi, un couturier d’expérience venu lui aussi d’Agadez. Alliant tradition et modernisme, le jeune prodige de la couture – après tout, il n’a que 32 ans – n’arrête pas de surprendre sa clientèle, notamment les touristes séduits par ces vêtements apparentés aux tenues traditionnelles des campements et villages du nord Niger et qui, certains jours, se bousculent littéralement dans sa grande boutique de la capitale. Mais il fraie aussi avec les grands. Le 26 février 2004, il a participé au défilé intitulé Trophée du jeune créateur organisé par la Résidence Concorde, un grand hôtel de Niamey. Le grand styliste africain de renommée internationale Alphadi l’a alors remarqué parmi la dizaine d’autres concurrents qui y présentaient leurs oeuvres.

    Sélectionné avec d’autres jeunes créateurs panafricains du Burkina, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, notre jeune stylite participa à la première édition du Salon des jeunes créateurs, tenue en octobre 2009 en prélude à la 7e édition du Festival international de la mode africaine (FIMA). L’occasion lui est alors offerte de prendre contact et de tisser des nouvelles relations avec ses pairs africains.

    Cette rencontre le convainc de l’importance d’intéresser les jeunes nigériens aux métiers de la mode. Depuis quelques semaines, il multiplie les contacts en ce sens à Agadez afin de mettre sur pied, en collaboration avec ses camarades couturiers de la région, un collectif des jeunes créateurs. Conscient du talent des jeunes agadéziens, il souhaite les aider à mieux vivre de leur métier. « Les jeunes d’Agadez ont du talent, souligne le couturier mais ignorent malheureusement comment le mettre en valeur. Avec ce collectif, nous voulons les sensibiliser et les amener à se professionnaliser davantage. » Un défilé de mode fait déjà partie des plans du collectif et, s’il se réalise, permettra de faire naître au grand jour le talent caché des jeunes créateurs de l’Aïr. Pour le plus grand bien des jeunes d’Agadez qui n’ont souvent que la couture comme activité. Une façon originale de semer l’espoir. Et de sortir enfin du climat débilitant, tant aux plans économiques que social, que les années d’insécurité ont fait peser sur toute la population de l’Aïr.

    Source : les Echos du Sahel

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