Dans nos sociétés traditionnelles au Niger, les griots occupaient une place de choix car les groupes musicaux sont rares ou carrément absents. L'exercice des fonctions du griot est dû à une formation spécifique qui lui confère un savoir et un savoir-faire appréciés.

Seulement dans les sociétés traditionnelles d'antan, le griot ne remplissait des fonctions que dans le domaine qui lui était héréditaire et qu'il maîtrisait parfaitement. Avec les transformations qui interviennent dans nos sociétés en mutation, le problème de la fonction du griot se pose avec acuité. Aujourd'hui, l'édifice traditionnel n'a plus d'autonomie et de cohérence intrinsèque.

Les phénomènes qui se déroulent trouvent leur origine dans ce qu'il est convenu d'appeler modernisme. Actuellement au Niger, ou plus précisément à Niamey, la personnalité du griot est victime d'un étrange dédoublement. Autrefois détenteur de la tradition orale, les changements sociaux actuels ont fait qu'aujourd'hui peu d'éloges sont dignes de ses mérites.

La prolifération de nouveaux ‘'griots'' qui n'ont pas hérité le métier, mais en font tout de même un gagne-pain explique clairement le climat d'hostilité qui caractérise  la condition des vrais griots .Sous l'influence de la modernisation, de nombreuses danses traditionnelles, des chants récréatifs et éducatifs pour enfants sont abandonnés. Les séances de distractions, les veillées de contes et de devinettes ont été remplacées par des loisirs nouveaux tels que la télévision, le cinéma, les orchestres modernes et consorts.

Aussi, la culture se caractérise par son immense pluralité. Cette diversité se trouve dans la musique puisse que chaque groupe linguistique possède son style, ses modes d'expressions, son folklore et ses instruments. Traditionnellement, les musiciens officient dans les cours royales, lors des réjouissances populaires ou d'événements familiaux comme les baptêmes et les mariages. Ce large et riche répertoire traditionnel a contribué d'une manière significative à l'émergence de la musique moderne au Niger qui resta longtemps au stade embryonnaire.

A partir de 1975, le festival national de la culture et de la jeunesse a offert une bénéfique tribune d'expression à la créativité des artistes nigériens. Ainsi, la musique nigérienne moderne, en particulier ces dernières années, a connu une évolution significative. On en veut pour preuve la multiplication des groupes et des orchestres tels que le groupe Albichir basé à Tchirozérine qui appelle toute la jeunesse des  pays francophones à plus de prise de conscience et de solidarité, Bilal Keith avec son album Tari Yanguié qui traite des petites zizanies récurrentes qui gangrènent la société nigérienne, le groupe Tasko avec leur chanson Gagéré qui est une chanson d'amour et plusieurs autres groupes et orchestres musicaux basés en grande partie à Niamey.

Source : Tiémogo Zakari

le sahel