• Menace des déchets plastiques : conception d'une stratégie nationale de lutte

    Mercredi, 29 Septembre 2010 07:14 Écrit par Issaka Saïdou (Source : ME/E/LD)

    Selon différents constats faits par la Direction de l'Environnement et de Cadre de Vie, toutes les localités du Niger sont envahies par des emballages et sachets en plastique, abandonnés dans la nature après usage par les populations. Ces matériaux en plastique causent un certain nombre de dommages sur l'environnement, la santé humaine et celle du cheptel.

    dechetsLa situation n'est pas en fait propre au Niger car des investigations menées un peu partout à travers le monde ont permis de relever que les sacs en plastique sont devenus aujourd'hui, sur notre planète, un mode de conservation et d'emballage des aliments et des produits manufacturés et ceci, pour diverses raisons. Les gens les utilisent pour transporter des marchandises; en plus, les sacs en plastique sont imperméables et pas chers et se donnent même gratuitement dans les commerces et les marchés traditionnels.

    Malheureusement dit-on au Ministère de l'Eau, de l'Environnement et de la Lutte contre la Désertification, «les sacs à poubelles n'existent pas au Niger ; la plupart des sacs et emballages en plastique errent dans la nature et jonchent les rues, les sols, les parcours pastoraux et les champs de culture. Les sacs en plastique sont fins et de mauvaise qualité. Ils se déchirent facilement et ne peuvent plus être réutilisés. De ce fait, ils constituent  des ordures visibles partout dans les villes et les campagnes du Niger. » 

    Les techniciens expliquent comment les sacs en plastique posent un certain nombre de problèmes de santé et d'environnement. Selon eux, l'eau s'accumule dans les sacs créant ainsi un gîte à moustiques qui occasionnent le paludisme,  cause majeure de mortalité au Niger. Les animaux qui fourragent dans les piles d'ordures à la recherche de nourriture,  avalent parfois les sacs en plastique qui iront se coincer dans les boyaux de l'animal, bloquant son appareil digestif, l'empêchant de manger et entraînant ainsi sa mort.

    L'AREN, une association de défense des droits des éleveurs  a réagi à ce sujet, en 2000, par une manifestation à l'Assemblée nationale pour que notamment une loi soit prise interdisant l'importation et la commercialisation des sachets en plastique. Les sacs en plastique s'empilent également dans les caniveaux d'évacuation des eaux pluviales. Ce qui provoque parfois, des inondations pendant la saison pluvieuse. Dans le cas où les égouts ne sont pas curés avant cette saison, les rues sont transformées en ravins et caniveaux d'évacuation des eaux pluviales. Ils seront remplis de sable et de débris, à tel point que l'évacuation de l'excès de l'eau se fait dans la rue.

    Dans la ville de Niamey, où beaucoup de rues ne sont pas pavées, le courant d'eau érode la chaussée. Les sacs éparpillés sur le sol s'y enfoncent. A ce niveau, ils peuvent interférer avec l'infiltration de l'eau et la recharge de la nappe phréatique. Dans un pays comme le nôtre où l'eau est une denrée rare, cela pose un problème sérieux. C'est un phénomène dit-on qui est observé dans presque toute l'Afrique de l'Ouest. La solution au problème, suggèrent certains techniciens, est de réduire l'usage des sacs ou de pouvoir les réutiliser afin qu'ils ne soient plus éparpillés.

    Dans notre pays, une stratégie opérationnelle de gestion de déchets plastiques a été mise en place apprend-on auprès du Ministère de l'Eau, de l'Environnement et de la Lutte contre la Désertification. C'est ainsi que le gouvernement a obtenu l'appui de l'Union Européenne en 2006 pour mener une étude diagnostique et d'élaboration  de cette stratégie portant sur la gestion des déchets plastiques.

    180.000 tonnes de déchets plastiques par an

    Cette étude de la stratégie a révélé une production annuelle de 180.000 tonnes de déchets plastiques dont la moitié est constituée de sachets et emballages souples en polyéthylène. La quantité de ces déchets est estimée à 227 000 tonnes pour l'année 2006 et la production annuelle serait, d'ici 2015, de 289 000 tonnes en l'absence des mesures de réduction, et avec des mesures d'accompagnement, celle-ci serait de 263 000 tonnes par an durant la même période. Le Ministère de l'Environnement indique que la stratégie proposée vise la réduction de la consommation d'emballages en plastique et la valorisation, à l'horizon 2015, de 60% des déchets en polyéthylène.

    Cette activité nécessitera dit-on un investissement du secteur privé de l'ordre de 16 milliards de francs CFA dans les entreprises de valorisation, qui permettront la création de 16 500 emplois. Pour ce faire, il est attendu la mise en œuvre de cette stratégie et de son plan d'action par des acteurs intéressés des nouvelles pratiques pour inverser les tendances actuelles afin de juguler le développement anarchique de ces déchets dans les villes et les campagnes.

    L'étude ayant conduit à ce document de stratégie a fait semble-t-il, l'objet d'un large consensus des partenaires lors des sessions de travail du comité pluridisciplinaire et de l'atelier national de validation de la stratégie organisé le 1er septembre 2006 en présence des responsables municipaux de la Communauté urbaine de Niamey et des collectivités territoriales enquêtées. Elle est constituée de deux volumes.

    Le volume I est consacré à l'étude diagnostique structuré comme suit : production des déchets plastiques du point de vue quantitatif et qualitatif en 2006 sur l'ensemble du territoire national avec une projection nationale à l'horizon 2015 en présence ou non d'une hypothèse de réduction de ces déchets ; l'évaluation des impacts de la gestion actuelle de ces déchets en termes d'atteinte à la santé humaine et animale, de l'environnement caractérisés par  la pollution de l'eau, de l'air et des sols, la prolifération d'animaux et insectes vecteurs de maladie mais aussi l'encombrement des voies publiques, des espaces verts et certaines infrastructures socio-économiques telles que les caniveaux d'évacuation des eaux pluviales et, les cours et plans d'eau. Les impacts économiques de cette gestion ont fait l'objet d'évaluation.

    En outre, une analyse de la gestion actuelle des déchets solides, dont font partie les déchets plastiques, a été faite du point de vue collecte, enfouissement, incinération et valorisation. Les expériences en la matière ont été capitalisées ainsi que les institutions et organismes de promotion. Il y a également une analyse du cadre juridique et institutionnel en terme de loi et règlements et leur niveau d'application, les stratégies adoptées et les acteurs chargés de leur mise œuvre.

    Enfin indique-t-on, par rapport à ce volume I de la stratégie, des expériences de valorisation, dans la sous-région, ont fait l'objet de capitalisation telles que le rotomoulage au Sénégal, l'extrusion et l'extrusion-soufflage en Mauritanie, la granulométrie et le moulage au Burkina Faso, le recyclage au Ghana sur le principe du « pollueur payeur ». Ces expériences de la sous-région peuvent, dit-on, être mises en application en termes de perspectives au Niger.

    Le volume II porte essentiellement sur les éléments stratégiques et les actions à mettre en œuvre. Cette partie de l'étude pose les principes techniques telles que la réduction des nuisances environnementales et sanitaires, la technologie, la réduction des déchets et leur valorisation socio-économiques qui sous entend la réduction de la pauvreté, l'acceptation socioculturelle du plastique la rentabilité financière et autonomie. Quant à l'aspect  institutionnel la subsidiarité et la gestion concertée entre les acteurs principaux, l'encouragement aux initiatives de valorisation et la cohérence nationale et internationale.

    Source :

    Culture



    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :