• Le rendez-vous manqué du Niger avec le cinéma : la faute à Jean Rouch ?

     

    Un entretien d’Ousmane Ilbo Mahamane

    avec Olivier Barlet

     

    Ousmane Ibo Mahamane, est doctorant en Études Cinématographiques à l’Université de Montréal. Cet entretien à été réalisé en 2009 lorsqu’il réalisait des recherches pour son mémoire de Master en communication audiovisuelle et Médias à l’École Supérieure de l’Audiovisuelle ESAV Université du Mirail, Toulouse, France.

    Olivier Barlet est un journaliste français, critique de cinéma, né à Paris ; il a publié de nombreuses traductions de livres portant sur l’Afrique ou d’auteurs africains et écrit divers ouvrages. Membre du Syndicat français de la critique de cinéma et conseiller pour les films d’Afrique auprès de la Semaine de la Critique du festival de Cannes. Il a été, de 1997 à 2004, rédacteur en chef de la revue Africultures et reste responsable du développement des sites Internet générés par Africultures, à commencer par www.africultures.com où il publie de nombreux articles sur les cinémas d’Afrique. Dernier ouvrage publié : Les Cinémas d’Afrique noire, le regard en question (L’Harmattan), prix Art et Essai du CNC 1997 et traduit en anglais sous le titre African Cinema : decolonizing the gaze, Zed Books, London, 2000, en italien Il Cinema africano : Los guardo in questione, L’Harmattan Italia/COE, 1998 et en allemand Afrikanische Kinowelten : die Dekolonisierung des Blicks, Horlemann/ARTE, 2001.

    Extrait choisi :

    [...]

    O.I.M. : Ce qui me préoccupe, c’est qu’à partir d’un moment donné, le Niger possédait 27 salles de cinéma. Et comment peut-on ne pas comprendre qu’à long terme, si ces salles ne sont pas soutenues elles risquent de disparaître ?

     

    O. B. : Mais attention une politique de coopération ne peut pas remplacer un État ou une chaîne privée et il se trouve que la distribution des films est du ressort du privé. Ce n’est pas une action qui concerne la coopération cinématographique entre deux pays. La France peut soutenir la rénovation des salles quelque chose comme ça.

     

    O.I.M. : Mais au Niger, l’État n’a jamais été propriétaire des salles, ni distributeur de films, les salles et les agences de distribution appartenaient aux privés dès leurs créations !

     

    O. B. : Il a eu des initiatives françaises et des initiatives africaines. Parmi les initiatives africaines a existé le CIDC, une société africaine au sein de laquelle la France n’a pas son mot à dire. Ce CIDC est mort au bout de quelques années pour mauvaise gestion. Quand des situations de ce genre se présentent, elles cassent le rythme des choses pour l’avenir.
    Pour ce qui est du côté français, il faudra remonter aux années 90 quand Dominique Wallon qui était directeur du CNC, étant très sensible au cinéma africain, a proposé aux États africains des accords de coproductions qui permettraient aux cinéastes non seulement de bénéficier des aides financières, mais aussi de bénéficier des avances sur recettes, ce qui leur donne accès à quelque chose de plus large. Pour bénéficier de ce système, il faudra dans chaque pays un équivalent du CNC français, c’est-à-dire une organisation du cinéma avec laquelle le CNC peut discuter. Certains États africains ont créé des centres nationaux de la cinématographie et on mit en place une politique de cinéma. Or, il y en a très peu qui on mis en place une véritable politique culturelle et des lois spécifiques au cinéma, lois relatives à l’exploitation, à la distribution, à la production ; c’est comme ça que ça marche en France.

     

    Si les États africains ne l’ont pas fait, ce n’est pas la France qui le fera à leur place. Cela se comprend, la plupart de ces États n’en ont rien à foutre. Prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire lorsque Kitia Touré a été nommé directeur du CNC en fin des années 90, il a eu sur le dos certaines institutions tout simplement parce qu’il a tenté d’instaurer une nouvelle politique pour aider le cinéma ivoirien. Toutes les taxes sur le cinéma profitaient à d’autres services et lui voulant les récupérer, a été vu comme un ennemi. L’État ivoirien qui s’en était aperçu du fait qu’il allait perdre ce qu’il prélevait sur l’exploitation et la distribution des films n’a finalement pas voulu cautionner la politique de cette nouvelle institution du cinéma. Le nouveau directeur n’a rien pu faire et était obligé de laisser tomber ; Il ne faut pas voir la coopération comme une opération libre dans laquelle les parties en présence font ce qu’elles veulent. C’est quelque chose qui se passe entre des États indépendants.

    [...]


    Lire l'intégralité de cet article sur le site de Clap Noir :

    "... association favorisant la connaissance des cinémas et audiovisuels d’Afrique. L’association Clap Noir est née de la volonté de soutenir toutes initiatives de publications et de diffusions sur le cinéma africain en utilisant les nouvelles technologies.

    Créée en janvier 2002, Clap Noir veut favoriser la connaissance des cinémas d’Afrique ..."

    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :