• L’homme et la girafe liés par le destin

    Souleymane Maâzou

    NIAMEY, 6 oct (IPS) - Les dernières girafes d’Afrique de l’ouest se trouvent dans une région du sud-ouest du Niger. Grâce à l’action d’une association de sauvegarde des girafes, les populations locales tirent des revenus de la présence de ces animaux et contribuent à les protéger dans leur environnement.

    "Si vous êtes pour les girafes, nous pouvons vous aider, vous consentir des prêts. Mais en échange, nous vous demandons de cesser de couper leur maquis et leurs arbres", propose aux habitants de la zone girafe, Jean-Patrick Suraud, responsable scientifique de l'Association de sauvegarde des girafes du Niger (ASGN).

    Depuis 1996, cette association, en collaboration avec les populations de la localité de la zone girafe, essaye de sauver ces quadrupèdes représentant la sous-espèce 'peralta' menacée par des braconniers. La zone girafe se situe à Kouré, un canton à 60 kilomètres à l’est de Niamey, la capitale du Niger.

    Il y a dix ans, on ne comptait au total que 50 individus de ces animaux ni sauvages ni domestiques au long cou. En 2010, ils sont plus de 220 individus grâce aux interventions de l’Etat nigérien, des partenaires au développement comme l’Union européenne, l’Organisation néerlandaise de développement (SNV) et des amis de girafe regroupés au sein de l’ASGN.

    "En dehors de la surveillance, nous essayons de mobiliser et d’éduquer les populations sur la préservation de l’environnement et de l’habitat des girafes", a expliqué à IPS, Kader Moussa, un des garde-girafes.

    Les girafes vivent dans cette brousse de Kouré en milieu naturel non protégé sur une superficie de 42 kilomètres carrés. Ces animaux sont en bonne communion avec la population de la zone girafe estimée à plus de 80.000 habitants, l’une des parties les plus peuplées du Niger.

    "Nous avions planté des acacias, nous avions aussi limité le déboisement pour ne pas détruire l’habitat des girafes", raconte à IPS, Abdou Souley, un agriculteur de Kouré.

    "Il arrive des moments où les girafes entrent dans nos champs de cultures et causent des dégâts. Malgré tout, on essaye de les protéger. Ils sont d’un grand apport pour le développement de notre localité", souligne Adamou Moussa, un autre agriculteur de la localité.

    Mamane Sani, enseignant à Kouré, explique à IPS : "En cas de dégâts, la victime est indemnisée dans les recettes générées par le tourisme en zone girafe". Un programme d’éducation environnementale est développé dans les écoles de la zone girafe. "Les populations ont compris qu’elles avaient une richesse touristique inestimable", a-t-il ajouté.

    Des touristes viennent de partout chaque jour visiter les girafes et n’ont pas besoin de faire de longues distances dans la réserve. L’on voit ces girafes au long cou qui se promènent tranquillement. Elles ont une couleur presque rosée quadrillée de blanc, et sont inoffensives.

    Ce sont 45 villages de la zone girafe qui se partagent les recettes de l’écotourisme. En 2009, ils ont engrangé 20 millions de francs CFA (environ 40.000 dollars US) de recettes. Une partie des recettes (40 pour cent) va aux infrastructures mises au service des populations, 50 pour cent aux dépenses de fonctionnement administratif (entretien du parc automobile, logistique et salaires des guides), et 10 pour cent aux travaux d'aménagement.

    Par exemple, "deux écoles et trois puits ont été construits et des pistes rurales entretenues dans ces recettes", indique à IPS, Salissou Ali, un habitant de Kouré.

    Par ailleurs, les activités développées autour de la présence des girafes ont freiné l’exode rural vers les régions côtières. Environ 700 chefs de familles ont bénéficié de micro-crédit. "Je gagne 2.000 FCFA (environ quatre dollars) par pour dans les activités de reboisement", a indiqué à IPS, Abdoulaye Hassane, un autre habitant de Kouré.

    Au cours des deux dernières années, l’ASGN a investi quelque 47 millions de FCFA (environ 94.000 dollars) dans la zone girafe. En grande partie, cet argent a servi à l’achat d’engrais et de semences pour assurer un meilleur rendement des unités agricoles afin d’encourager les populations à protéger davantage les girafes.

    La région n’abritant pas d’animaux prédateurs, les girafes de Kouré ne sont menacées que par des braconniers, des chasseurs traditionnels ou des guérisseurs qui utilisent certains organes de ces animaux en médecine traditionnelle.

    "Au mois d’août dernier, nous avons constaté deux cas de mortalité de girafes liés au braconnage", a déclaré à IPS, le colonel Malam Issa, directeur de l’environnement et de la faune au ministère des Ressources animales.

    Le gouvernement du Niger a mis en place depuis 1998 une nouvelle loi interdisant la chasse et le braconnage des girafes. Ainsi, celui qui tue une girafe est passible de cinq ans d'emprisonnement, selon cette loi qui a beaucoup contribué à reconstituer le cheptel de cette espèce. (FIN/2010)

    Source : Inter Press Service News Agency

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