• Ceinture verte de Niamey et Grande Muraille Verte d’Afrique

    Les deux faces d’une même médaille

    Vendredi 03 Juin 2011 23:20 Muraille_verte_NigerIl n’y a apparemment rien de commun entre la Ceinture verte de Niamey et la Grande Muraille Verte d’Afrique. La première est longue de 25 kilomètres sur un kilomètre de large ; la seconde est longue de 7.000 kilomètres sur 15 de large. La première a été plantée entre 1965 et 1993 et couvre 2.500 hectares. Rappelons que ‘’l’idée de cette ceinture verte périurbaine est née au milieu des années 1960. En effet, après l’indépendance de la République du Niger en 1960, les autorités nigériennes ayant constaté une dégradation progressive du couvert végétal aux alentours de Niamey, décidèrent de protéger la zone périurbaine de la capitale contre les vents d’Est et la poussière, par la création d’une ceinture verte qui partirait de l’Hippodrome à l'Est pour rejoindre le fleuve Niger à la hauteur de Goudel. Les espèces plantées étaient le neem, (espèce la plus répandue), l’eucalyptus, les acacias, le baobab, etc. La ceinture verte, c’est le fruit de 30 ans d’efforts d’investissement de l’Etat et de ses partenaires de coopération. Le montant global des investissements, qui s’élève à plus de trois (3) milliards de F CFA, provient du Fonds National d’Investissement (FNI), du Programme des Nations Unies pour le Développement International; du Programme des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (PNUD/UNSO) ; et de l’Agence Internationale pour le Développement (IDA)’’.

    Quant à la Grande Muraille Verte d’Afrique, c’est un projet de l’Union Africaine validé le 17 juin 2010 à N’Djaména au Tchad et qui devrait couvrir une bande sahélo-saharienne couvrant onze pays, allant de Dakar à Djibouti.

    La  ceinture verte a pour objectifs essentiels ‘’la protection de la ville de Niamey contre les intempéries ; l’amélioration de la qualité de l’environnement ; l’amélioration du cadre de vie des populations ; la sensibilisation et l’éducation des populations sur les problèmes environnementaux ; la création d’un cadre naturel d’agrément, de détente et de loisirs pour la jeunesse ; la contribution à la satisfaction des besoins des populations en bois de feu et de service ainsi que la création d’un cadre adéquat pour la recherche scientifique et technique’’. La grande muraille, elle aussi, vise plusieurs objectifs : « la réduction de l'érosion des sols ; grâce à la présence de végétaux, la vitesse du vent est ralentie et l'infiltration des eaux dans les sols est favorisée; la restructuration des sols dégradés entraînée par l'accroissement de matière organique animale et végétale ; l'accroissement du taux de reforestation pour restaurer les équilibres éco-climatiques et la biodiversité ; la relance, le développement et la diversification de l'agriculture et de l'élevage par le volume des productions végétales et animales et par l'importance de la population active occupée par ces secteurs ; la restauration, la conservation et la valorisation de la biodiversité végétale et animale : les surfaces boisées contribuent à la régénération et à la végétation naturelle et au retour de la faune sauvage ; l'accroissement de la couverture des besoins locaux en produits forestiers : bois, gomme, résine, racines, feuilles, écorces, fruits… ; l'amélioration du niveau de vie et de la santé du fait de l'amélioration de l'alimentation, du cadre de vie et d'une plus grande disponibilité des besoins domestiques ; l'inversion du phénomène de l'exode rural : les ‘’émigrés écologiques’’ vont progressivement revenir dans les zones réhabilitées par la présence de la GMV ; la maîtrise des ressources en eau : avec la mise en place de bassins de rétention et d'ouvrages hydrauliques ».

    Ainsi qu’on le voit, dans les deux cas, les ambitions sont nobles, mais les défis à relever énormes. D’où l’idée de créer une synergie entre pays ayant le désert en partage. De fait, depuis que huit des onze Chefs d’Etat, de gouvernement et autres représentants du Tchad, du Sénégal, de Mauritanie, de Djibouti, du Nigeria, du Niger, d’Ethiopie et du Soudan ont apposé, le 17 juin 2010 à N’Djaména donc, leurs signatures sur la Convention portant création de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte, les deux ouvrages sont devenus les deux faces d’une même médaille. En effet, la partie nigérienne de la Grande Muraille Verte suivra, à Niamey, le tracé de la Ceinture verte. Reste le plus dur : le financement de ce vaste projet auquel, curieusement, des pays comme l’Algérie, l’Egypte et la Libye n’adhèrent pas.  D’abord, seule l’Union Européenne et le Fonds de l’Environnement Mondial ont réagi prestement à la requête de l’Union Africaine avec, respectivement,  1 milliard 400 millions de dollars et 119 millions d’apports. Ensuite, la Libye qui est le principal artisan de ce projet, et dont on attendait une grande partie des financements, est en proie à des problèmes qui la confinent sur les questions intérieures. Last but not least, comme toujours en pareille circonstance, il y a loin de la parole des chefs aux actes des Etats, surtout que ceux-ci doivent, en l’occurrence, s’occuper en partie de la réalisation de leurs ‘’tronçons’’  de la Grande Muraille Verte. Certes, le jeu en vaut la chandelle, au regard des résultats déjà obtenus par la Ceinture verte de Niamey : ‘’2500 ha de plantations connues sous le nom de Ceinture Verte ; l’aménagement du Parc d’agrément de 2ha ; la création de petits espaces verts dans la ville ; la mise en place d’une banque de données sur l’environnement et l’élaboration d’un Plan d’aménagement et de Gestion de la Ceinture Verte’’. Mais le règne animal ayant la fâcheuse tendance de contrarier le règne végétal, ce joyau acquis au moyen d’énormes efforts financiers et humains est entrain de péricliter, du fait de son exploitation anarchique par les populations.

    Par Sani Soulé Manzo

    Publié le 03 juin
    Source :
    Sahel Dimanche

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