• Ce cadeau du sucre qui noue et dénoue les fiançailles

    En dehors de son rôle dans notre alimentation quotidienne, le sucre joue aussi un rôle socio culturel dans nos sociétés. En ce mois béni de Ramadan, il est de coutume que le garçon emmène des cartons de sucre en guise de cadeau aux parents de la fille qu'il fréquente  afin de faire comprendre à leurs parents respectifs qu'il s'agit d'une relation sérieuse.

    Cette pratique, très largement répandue dans nos sociétés, mérite qu'on s'y attarde un peu pour savoir son fondement, sa signification et sa valeur. Mais sur ce point les esprits divergent. De l'opinion de certains, cette pratique date de seulement quelques décennies, autant dire qu'elle ne trouve pas son fondement dans les racines profondes de  nos cultures ancestrales.  En effet disent-ils, c'est récemment  que cette pratique  a pris de l'ampleur pour s'imposer à nous comme un comportement socioculturel.

    Pour la jeunesse nigérienne, le  don de sucre est perçu comme une entrée en matière officielle pour annoncer les fiançailles. Ce geste permet au garçon de s'affirmer chez la fille, mais aussi de  prouver son attachement particulier à la famille. Pour ce jeune homme du nom de Harissou,  ‘'cette pratique n'est pas un acte obligatoire, mais plutôt facultatif. Nous apportons le sucre pour marquer notre option, le choix du garçon et de la fille''. 

    Parfois dit-il, les filles acceptent ce geste symbolique dans le but d'obtenir l'aval des parents de recevoir le garçon dans la famille.  Pour cette jeune fille dénommée Nafissa, ‘'cette pratique est diversement interprétée. Je laisse le libre choix à mon petit ami ; il peut  amener du sucre dans ma famille de son propre gré ; il est vrai que ce geste renforce le lien avec la famille qui y voit un signe de considération''.

    Cependant, il y a des filles qui rejettent cette pratique, parce pour elles, ‘'elle ne constitue nullement une base solide pour une relation digne et honnête. Certains le font juste pour tromper la fille et la vigilance de  ses parents''. Quant à Balkissa, c'est le côté ostentatoire de la chose qui la rebute. ‘'Je ne voudrais pas qu'on circule dans le quartier avec un plateau contenant du sucre qu'on distribue, en disant que c'est la part de mon fiancé''. 

    Les parents pour leur part, n'exigent pas qu'on leur apporte du sucre. Néanmoins, le fait de ne pas amener du sucre dans la famille de la dulcinée peut parfois constituer une source de conflit pouvant aller jusqu'à la rupture des relations. Il faut aussi souligner que cette pratique, qui n'a aucun fondement religieux n'est pas observée uniquement par les prétendants. Même après le  mariage, le chef de famille  se sent moralement obligé de faire le geste en direction de sa belle-famille.  Indépendamment de ces aspects, la distribution du sucre est devenue une pratique très ancrée dans les quartiers et les services.

    Elle s'inscrit  dans le cadre de la solidarité typiquement africaine, conseillée par l'Islam. L'Islam recommande en effet aux musulmans de se soutenir mutuellement. C'est la raison pour laquelle à l'annonce du mois de Ramadan, les gens se donnent des coups de main. Des soutiens en termes d'appui financier, matériel ou en produits alimentaires.

    Culture

    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :