Le 26 juin dernier, le Président de l’ONG HED Tamat Mano Aghali a tenu un point de presse pour faire le compte rendu d’une mission effectuée du 23 mai au 20 juin dans plusieurs communes de la région d’Agadez. Les principaux points évoqués par Mano Aghali témoignent du souci constant de son ONG à œuvrer inlassablement à la réduction de la pauvreté dans les hameaux les plus éloignés du reste du Niger en général et des campements les plus reculés d’Agadez en particulier. Toujours aux côtés des populations nécessiteuses et ce avec un indéniable savoir-faire, l’ONG Hed Tamat intervient partout où le besoin se fait sentir. Le président de l’ONG a fait la genèse.

Un constat amer

Il s’est agi lors de cette rencontre de faire le bilan de visites dans les communes d’ Arlit, Iférouane, Timia, Gougaram, Dannet, Aderbissanet, Ingall et Dabaga où la mission a rencontré les autorités administratives et coutumières, les chefs religieux et les populations. Ces contacts avec les populations des terroirs ont de tous les temps permis à Hed Tamat de toucher du doigt les réalités profondes des populations cibles. Ainsi il ressort que dans toutes les zones visitées, la situation alimentaire est “préoccupante”, d’après Mano Aghali qui reconnaît cependant que les difficultés sont plus apparentes chez les pasteurs nomades. Devant l’état de santé des animaux, qui laisse à désirer, Mano Aghali, président de l’ONG Homme -Environnement et Développement, se dit très touché par la situation catastrophique. Les raisons de s’inquiéter sont multiples : les animaux manquent cruellement d’aliments; les cadavres de ceux qui ont péri de faim ou de soif se comptent par centaines. Mano Aghali a dans un exposé très émouvant brossé les conditions difficiles dans lesquelles l’équipe de Hed Tamat a trouvé ces populations. «  Ils ont besoin de tout et en toute urgence ! », résume Mano dans un pathétique plaidoyer.

« Le seul point de satisfaction est sur le plan sécuritaire », d’après Mano Aghali. Il est constable en effet que beaucoup d’efforts sont entrain d’être faits par l’Etat , les populations et les anciens acteurs du conflit qui a sévi dans le nord afin de permettre la reprise effective des activités des projets dans la zone. “Bien qu’il y ait l’espoir, beaucoup reste cependant à faire”, conseille Mano Aghali.

Les problèmes varient d’une commune à une autre

La situation constatée sur le terrain par l’équipe de Hed Tamat varie d’une commune à une autre. Par exemple, dans les communes d’Ingall et Aderbissanet, les problèmes sont surtout liés au manque d’aliments bétail. Les banques pour aliments bétail sont quasiment vides et les besoins très énormes. Pour les communes d’Iférouane, Gougaram et Dannet, c’est le facteur lié à l’insécurité qui entrave le développement. La présence des mines et des bandits empêchent la libre circulation des personnes et des biens dans ces zones. « Notre souhait, affirmait Mano est qu’il y ait plus d’intervenants et de présence de l’administration dans ces zones. En effet, au cours de cette mission, Mano Aghali a confirmé que si la plupart des services techniques de l’Etat marchent bien, certaines infrastructures peinent quant à elles à avancer. Par exemple, des cases de santé et des écoles sont fermées pour raison d’insécurité pour les unes ou par manque d’enseignants ou d’équipements scolaires pour les autres.

Que faire devant tant de problèmes ?

A cette question, Mano Aghali répond : «  Nous comptons intervenir le plus tôt possible avec les moyens dont disposent l’ONG. Par exemple sur le plan sécurité alimentaire, nous comptons créer 15 banques céréalières, 15 banques pour aliments bétail et renforcer aussi les banques existantes. Nous allons aussi mener des activités « cash for work » faire des cordons de pierres et la protection des jeunes pousses. C’est un programme qui dans sa première phase va coûter 32 millions de francs. Nous espérons une seconde phase voire une troisième d’ici fin août.

Consolider la paix, une urgence !

C’est surtout cet aspect qui préoccupe beaucoup les responsables de Hed Tamat, parce que conscients que rien ne se fera sans la paix. C’est pourquoi l’ONG compte très prochainement organiser un forum sur la paix dans la commune de Timia afin de mener des actions de sensibilisation dans les autres communes pour lutter contre le banditisme résiduel, amener les populations à comprendre les méfaits de cette insécurité.

Pour démontrer que le dernier conflit ayant eu cours dans la région a laissé des séquelles sur les enfants, Mano Aghali n’a pas hésité à donner un exemple très édifiant : «  Aujourd’hui, dit-il, dans certaines zones de notre région, il est très facile de voir des petits enfants qui jouent avec des étuis des balles ou des fruits d’euphorbe qu’ils enterrent en simulant des poses de mines. .. ». Devant un tel spectacle, s’alarme Mano : « il est plus que nécessaire de mener une vaste campagne d’éducation à la paix. »

Enfin le Président de l’ONG Hed Tamat, Mano Aghali a tenu à remercier les autorités rencontrées au cours de leur périple notamment le préfet d’Arlit, le chef de poste d’Iférouane et les maires de toutes les communes visitées sans oublier l’inestimable contribution des chefs coutumiers.

AÏR INFO N°113 DU 15 AU 31 JUILLET 2010