• Un drame annoncé

    Les bêtes meurent et peut-être bientôt les hommes. Le Sahel est une nouvelle fois en danger.

    Sans eau ni pâturage, le cheptel est décimé. © Sunday Alamba/SIPA

    Sans eau ni pâturage, le cheptel est décimé.

    La sécheresse, le Sahel connaît. Mais celle-ci pourrait bien être pire que celles qui l’ont précédée. Inquiètes, les organisations humanitaires Oxfam et Save the Children ont lancé, le 21 juin, un appel à la solidarité internationale pour aider 10 millions de personnes dans la région. Sept millions d’entre elles vivent au Niger, déjà touché par de graves pénuries alimentaires il y a cinq ans. Le Tchad, le Mali, la Mauritanie et certaines zones du Burkina Faso et du Nigeria sont également concernés. Par endroits, le manque de nourriture, pour les hommes comme pour les bêtes, fait craindre un scénario pire qu’en 2005.

    2009, déjà, avait été une année difficile. Faute de pluie, les récoltes ont été mauvaises au Mali et au Niger ; très affaiblies, puisque sans eau ni pâturage, les bêtes sont aujourd’hui vendues au-dessous de leur prix habituel dans des régions où l’élevage est la principale – sinon l’unique – source de revenus. Le Comité international de la Croix-Rouge estime que 70 % du cheptel est menacé dans l’espace sahélo-saharien et annonce avoir commencé à racheter du bétail aux éleveurs du Nord-Niger et du Nord-Mali pour en distribuer la viande. Les propriétaires récupèrent ainsi un peu d’argent et les populations ont accès à de la viande gratuite.

    Au Niger, les pluies ont commencé à tomber, mais il en faudra plus pour inverser la tendance : des régions entières ont commencé à se vider, notamment le long des frontières avec le Mali et le Nigeria, et aux abords du lac Tchad. Pour sauver leurs bêtes, les nomades se sont déplacés, entrant en conflit avec les agriculteurs dont ils traversaient les champs, pour s’installer dans des zones déjà très pauvres et dont les habitants ont donc, à leur tour, migré vers les villes. Au final, ce sont des personnes très vulnérables qui affluent depuis plusieurs semaines à Niamey, Zinder ou Maradi, et les organisations humanitaires disent avoir constaté une hausse de la prostitution et de la délinquance.

    Au Niger comme au Mali, le risque est aussi que les agriculteurs, qui vont s’endetter pour nourrir leur famille pendant la période de soudure, vendent les prochaines récoltes pour s’acquitter de leur dette, laissant les greniers vides. À Niamey, on ne peut s’empêcher de faire remarquer que c’est exactement ce qui s’était passé en 2005.

    Source : Jeune Afrique
    05/07/2010 à 14h:42 Par Anne Kappès-Grangé
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