• Sécurité alimentaire : Vers un nouvel ordre agricole

    La première Conférence mondiale sur la recherche agricole pour le développement (GCARD 2010) qui se tient cette semaine à Montpellier sous l’égide du Forum mondial de la recherche agricole (GFAR) vise à mettre en place un nouveau système mondial de recherche agricole pour le développement. Objectif : mieux prendre en compte les besoins des populations pauvres souffrant de la faim.

    Comment accroître la production alimentaire tout en réduisant l’impact environnemental de l’agriculture ? Comment les investissements peuvent-ils mieux profiter aux agriculteurs les plus pauvres ? Quel sera le rôle des puissances émergentes dans le « nouvel ordre agricole » ? Ces questions cruciales pour l’avenir de l’agriculture sont au cœur de la Conférence mondiale sur la recherche agricole pour le développement (GCARD 2010) qui se tient à Montpellier du 28 au 31 mars 2010. Première d’une série de conférences mondiales qui auront lieu tous les deux ans, la rencontre réunit près de 1000 scientifiques, agriculteurs et décideurs d’une centaine de pays du Nord et du Sud sous la coupe du Forum mondial de la recherche agricole (GFAR). Une mobilisation à la hauteur des ambitions affichées, puisque la GCARD vise à poser les bases d’un nouveau système mondial de recherche agricole pour le développement (RAD), recentré sur les besoins des populations les plus pauvres. « L’agriculture va devoir changer à une vitesse et à une échelle encore jamais envisagées » a prévenu le Dr Monty Jones, lauréat du Prix mondial de l’alimentation et directeur de l’équipe organisatrice de l’événement.


    La faim dans le monde en hausse

    À la base de la Conférence, un rapport intitulé « Transforming agricultural research for developpement » estime à environ 1,5 milliard, le nombre de personnes pauvres souffrant de la faim, dont près de 100 millions seraient venues s’ajouter suite à a crise financière de la fin 2008. Financée conjointement par la Banque mondiale, la Commission européenne et le département du Développement international du Royaume-Uni, l’étude appelle à une « réforme massive » d’un système mondial de recherche et de développement « actuellement fragmenté ». « Il est clair que parmi les objectifs du millénaire pour le développement, celui de réduire le nombre de personnes qui souffrent de la faim dans le monde d’ici 2015 ne sera pas atteint » a expliqué Uma Lele, ancienne consultante à la Banque mondiale et principal auteur du rapport, qui regrette « l’inattention grandissante des politiques pour l’agriculture et le développement rural ». La session de clôture de la GCARD 2010 sera justement l’occasion de faire le point sur les priorités en matière de recherche et de définir le rôle de chacun pour infléchir cette tendance.

    Reconnaître le pouvoir d’innovation des agriculteurs

    Pour nourrir les 9 milliards de personnes que comptera la planète en 2050, le rapport préconise d’augmenter jusqu’à 1,5 du PIB agricole les investissements dans la recherche agronomique des pays en développement, ce qui revient à doubler les dotations actuelles pour atteindre un investissement annuel brut de 210 Mds$ (environ 156 Mds€). Ses auteurs recommandent par ailleurs de mettre fin au cloisonnement actuel entre le monde de la recherche agronomique et les différentes composantes du monde agricole. Une approche élargie de la RAD qui permettrait entre autres de reconnaître le pouvoir d’innovation des agriculteurs eux-mêmes pour mieux l’exploiter. « Si vous voulez que l’agriculture marche, il y a là des millions de paysans, hommes et femmes, qui ont des idées pour améliorer les choses, si seulement ils avaient accès au crédit ou aux engrais, ils iraient loin », a assuré Jules Pretty, professeur au département des sciences biologiques de l’université d’Essex au Royaume-Uni.

    L’exemple des jardins maraîchers dans le Sahel

    Cette idée de complémentarité entre scientifiques et agriculteurs est justement à l’origine d’une initiative originale récompensée mardi par le Prix du meilleur partenariat du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). Pendant dix ans, le World Vegetable Center et l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) ont travaillé en étroite collaboration avec les agriculteurs du Sahel pour améliorer les variétés locales de légumes et créer des systèmes de production viables faisant appel à des méthodes traditionnelles de collecte de l’eau. Une initiative qui a permis de créer près de 5 000 jardins maraîchers au Niger et dans la bande sahélienne d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale et devrait continuer à faire des émules.

    31 mars 2010, Johannes Braun

    Source : http://developpementdurablelejournal.com/

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