• Santé Les faux médicaments, une catastrophe sanitaire annoncée.

    L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère comme « Faux Médicaments » des copies modifiées, ceci indépendamment de ce que contiennent les produits, et des médicaments sous-dosés ou sur-dosés et ayant un taux d’impureté variable.
    Les faux médicaments sont aussi des produits qui ont été délibérément ou frauduleusement mal étiquetés. Cela peut s'appliquer aussi bien aux produits de marque qu'aux produits génériques.



    Pendant la réunion de Bamako consacrée au bilan de la lutte contre le paludisme en Afrique de l’Ouest, le Dr ROCHIGNEUX Christophe, du département IST WA de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait une communication sur la gravité du phénomène des faux médicaments en Afrique. Selon le Dr ROCHIGNEUX, 10% des médicaments vendus dans le monde sont non-conformes. Ce qui représente, en terme de chiffre d’affaire, plus de 52 milliards d’euros (75 milliards de dollars). Des données disponibles affirment même que le trafic de faux médicaments serait 25 fois plus rentable que la vente de la drogue.
    L’Afrique qui connaît le plus fort taux de paludisme dans le monde, avec 212 millions de cas, occupe le peloton de tête, dans le trafic de faux médicaments liés au traitement du paludisme.
    Pour le Dr Christophe ROCHIGNEUX, 200.000 décès pourraient être évités par an, si les médicaments prescrits contre cette maladie étaient conformes à la réglementation et capables de traiter réellement cette affection. 70% des faux médicaments antipaludiques sont vendus dans les pays membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
    Au Sénégal, le marché illicite du médicament représente 7 à 8 milliards de FCFA, soit 40% du marché pharmaceutique du pays. Une étude réalisée en collaboration avec l’OMS et financée par l’USAID sur la qualité des antipaludiques en Afrique révèle que 43% des échantillons testés au Sénégal étaient hors normes contre 12% en Ouganda et 6% à Madagascar
    Plusieurs causes sont à l’origine de ce trafic illicites des faux médicaments. Ce sont :
    La corruption favorisée par une mauvaise gouvernance, la réticence des gouvernements à reconnaître l’existence ou la gravité du problème, l’insuffisance du cadre juridique favorisant la faiblesse ou l’absence des sanctions pénales, l’inefficacité du contrôle de la fabrication à la distribution des produits, le manque de collaboration entre les acteurs impliqués dans la réglementation, le contrôle, les enquêtes et les poursuites, la multiplication des intermédiaires, le perfectionnement de la fabrication clandestine, les prix élevés de certains médicaments et l’accès insuffisant des populations aux services de santé.
    Pour conclure, l’orateur a réitéré l’appel lancé en octobre 2009, à Cotonou par la fondation Jacques Chirac, portant sur l’établissement de mesures réglementaires et législatives contre le trafic des faux médicaments. La rédaction d’une convention internationale pénalisant les trafiquants de faux médicaments en cette année 2010 au siège de l’OMS à GENEVE contribuerait à décourager tous ceux qui s’adonnent à cette pratique qui risque de devenir une autre catastrophe mondiale.

    Bamba Youssouf
    à Bamako

    lundi 19 avril 2010

    Source : Libération-Niger

    Partager via Gmail

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :