• Les progrès « remarquables » du Niger dans la lutte contre la mortalité infantile

    NIAMEY/DAKAR, 3 mars 2014 (IRIN) - Ces dix dernières années, le Niger a enregistré des progrès remarquables dans la réduction des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Il semble que le pays atteindra les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) consistant à réduire de deux tiers le taux de mortalité infantile d'ici 2015. Cependant, selon les partenaires et les professionnels de la santé, le taux élevé de mortalité maternelle, la croissance spectaculaire de la population et la capacité réduite du gouvernement font encore obstacle aux progrès.

    Au cours de la dernière décennie, les taux de mortalité néonatale et infantile ont chuté chaque année. Selon les dernières données du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le taux de mortalité infantile – le nombre de décès d'enfants de moins d'un an pour 1 000 naissances vivantes – est passé de 133 en 1992 à 66 en 2011.

    « Il s’agit d’une performance exceptionnelle. Si l'on compare ces chiffres aux autres – comme ceux du Burkina Faso, du Mali, du Nigeria – [la performance du] Niger est bien meilleure », a déclaré Isselmou Boukhary, le représentant adjoint d'UNICEF au Niger.

    Ces progrès s’expliquent en partie par les efforts du gouvernement visant à fournir des soins de santé gratuits aux enfants de moins de cinq ans depuis 2006. Une attention particulière a été portée à la lutte contre les maladies infantiles les plus meurtrières (paludisme, diarrhées et maladies respiratoires), à la gratuité des césariennes et des consultations avant et après l’accouchement, ainsi qu’à l’extension de la couverture des soins de santé dans les zones rurales, grâce à la mise en place d’un millier de dispensaires en 2013.

    Cette stratégie implique également des efforts visant à atteindre au moins 88 pour cent des enfants grâce à des campagnes de vaccination contre la rougeole et d'autres maladies infantiles, et à distribuer aux familles des moustiquaires traitées à l'insecticide.

    Dans l’étude Countdown to 2015 du Niger, il est précisé que depuis les années 1990, les financements accordés à la santé infantile par les principaux partenaires ont augmenté de 77 pour cent. Parmi eux, on compte notamment l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), le Bureau américain pour l’assistance en cas de catastrophe à l’étranger (OFDA), le Département britannique pour le développement international (DFID) et UNICEF.

    En 2013, la somme de 25 millions de dollars a été octroyée par l’intermédiaire d’UNICEF pour la lutte contre la mortalité infantile au Niger, a déclaré M. Boukhary.

    S’il est prévu que le pays atteigne les OMD dans le domaine de la réduction de la mortalité infantile, il reste confronté à de nombreux défis, notamment du point de vue de la santé des femmes, a-t-il déclaré.

    Des progrès lents dans le domaine des soins de santé

    D’après le rapport intitulé La situation des enfants dans le monde 2013 d’UNICEF, 590 femmes meurent de causes liées à la grossesse pour 100 000 naissances vivantes et seulement 18 pour cent des naissances sont encadrées par un personnel qualifié. « Si nous ne faisons pas diminuer ces chiffres, nous n’aurons qu’un faible impact sur la mortalité infantile », a déclaré à IRIN M. Boukhary.

    D’après les chiffres du gouvernement, la moyenne se situe à sept enfants par femme au Niger. Les structures de santé publiques ne sont pas en mesure de faire face à la croissance de la population, dont l’augmentation de 3,4 pour cent en fait l'une des plus élevées au monde, selon UNICEF.

    En 2013, le gouvernement a construit 1 000 nouveaux centres de soins dans les zones rurales, mais cela n’a pas été suffisant pour répondre aux besoins, a déclaré Oumarou Maigari, responsable du syndicat des médecins, dentistes et pharmaciens (SYMPHAMED).

    En outre, alors que la suppression des frais de soins de santé a eu des répercussions énormes sur les taux de mortalité infantile, le système rencontre des problèmes. En effet, de nombreux centres enregistrent des retards de paiement puisque l'État ne parvient pas à les rembourser à temps. Selon M. Maigari, les retards de paiement des centres de soins s’élèvent à 50 millions de dollars.

    Après la suppression des frais de soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans, les centres de soins ont fourni des médicaments et des soins, facturé l'État et attendu leur remboursement, sous forme d'argent ou de médicaments. Mais une mauvaise gestion de la chaîne d'approvisionnement entraîne des délais de paiement. De nombreux médicaments sont subventionnés ou fournis directement par des partenaires, comme UNICEF. Pourtant, leurs efforts ne suffisent pas à combler le manque, a dit M. Maigari. « L'État doit renflouer les caisses des centres de soins endettés », a-t-il déclaré à IRIN.

    En 2014, le gouvernement a réaffecté 18 millions de dollars à la santé infantile.

    Selon Issoufi Harouna, directeur de l'hôpital régional de la capitale, Niamey, l'hôpital enregistre près de 50 enfants malades et effectue une douzaine de césariennes chaque jour.

    Auparavant, les hôpitaux facturaient 45 dollars pour l’admission d’un enfant et 167 dollars pour une césarienne. Aujourd’hui, ils ne facturent rien, mais d’après les docteurs, ils ne récupèrent pas cet argent aussi vite qu’il le faudrait.

    Malnutrition

    En plus de lutter contre la mortalité maternelle et améliorer les performances des centres de soins, il faut améliorer la prévention de la malnutrition infantile afin de réduire davantage la mortalité infantile, a déclaré M. Boukhary. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) prédit que plus d'un million d'enfants nigériens seront mal nourris en 2014.

    Le Programme alimentaire mondial et d’autres organisations intensifient les efforts en matière de prévention de la malnutrition. Cependant, une prévention efficace de la malnutrition implique non seulement la suppression des frais de soins de santé, mais aussi l'intégration de la prévention des maladies dans le suivi de la nutrition et le traitement de l'eau. Ces programmes intégrés sont en cours d'expérimentation, à petite échelle seulement.

    Cependant, les bailleurs de fonds se concentrent sur la prévention plutôt que sur le traitement et les programmes de prévention de la malnutrition pourraient bientôt bénéficier d’un financement élargi.

    Quant au gouvernement, il commence enfin à faire face aux problèmes liés à la forte croissance de la population. Une réunion sur la question doit bientôt avoir lieu en présence d’UNICEF et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Ce sujet était tabou avant, mais il y a de plus en plus de discussions à ce sujet », a dit à IRIN M. Boukhary.

    bb/aj/rz-fc/

    Source : IRIN 

    [Cet article ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies]
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