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Les milliards du foot détournés pour éradiquer la famine au Sahel
Je rêve qu’un jour les milliards engloutis dans le sport-business soient détournés pour secourir des populations en détresse.Le sport-business est bien sûr incarné en ce moment par la Coupe du monde de football en Afrique du sud. Quant aux populations en détresse, elles sont incarnées en ce moment par une dizaine de millions de personnes menacées de famine au Sahel, principalement au Niger et au Tchad. Combien de temps d’antenne et de pages écrites consacrés aux futilités footballistiques ? Incalculable... Combien pour le dramatique sort de millions de personnes sur ce même continent africain ? Le calcul est vite fait : peanuts...A la fin du mois de mai, John Holmes, le secrétaire général-adjoint de l’ONU en charge des affaires humanitaires, avertissait la communauté internationale sur la crise alimentaire au Tchad :
« Il y a 1,5 à 2 millions de personne qui sont sévèrement touchées et évidemment, ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables ».
« Nous avons besoins de milliers et de milliers de tonnes de nourriture et nous avons besoin de dizaines de millions de dollars. Une des choses que je veux faire en rentrant à New York (ONU), c’est de m’assurer que les gens sont au courant de la gravité de la situation » (sources : Le Figaro - AFP, Tchad : attention à la crise alimentaire)
La situation au Niger est encore plus préoccupante, car il y aurait plus de 7 millions de personnes menacées par l’insécurité alimentaire. Pour la Commissaire européenne à l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva, « la situation est en train de devenir pire. Nous avons constaté dans les hôpitaux un nombre croissant d’enfants malnutris qui ont besoin d’aide d’urgence. (...) La crise a "empiré" avec la très cruciale "période de soudure" - qui débute en juin avec la campagne agricole pour se clore en septembre avec les récoltes. "A Maradi, 3 millions de personnes éprouvent de sérieux besoins alimentaires. (...) La faim se lit sur les visages de populations" » (sources : Le Figaro - AFP, La crise alimentaire empire au Niger )
Cette crise alimentaire est essentiellement due à une très mauvaise campagne agricole en 2009, avec un déficit pluviométrique de 70% par rapport à la normale saisonnière (source : Courrier International - The New York times, La famine tue encore, mais n’est plus un tabou). L’article du New York Times repris par Courrier International pointe un changement manifeste dans le traitement de cette pénurie par le gouvernement nigérien - gouvernement qui est en fait une junte militaire qui a renversé le président Mamadou Tandja au début de cette année, en promettant d’organiser une élection présidentielle en mars 2011. Cette fois-ci les réserves de nourriture semblent être distribuées aux populations malnutries et le gouvernement militaire n’hésite pas à faire connaitre la gravité de la situation afin d’obtenir l’aide de la communauté internationale.
Deux autres causes sont évoquées pour expliquer ces pénuries alimentaires : le prix des denrées alimentaires qui augmente en touchant de plein fouet ces populations parmi les plus pauvres de la planète ( « Le prix du mil a conséquemment augmenté de 25 %, celui du sorgho, de 50 % » ) ; et le taux de natalité, parmi les plus élevés au monde en ce qui concerne le Niger, est également donné comme une cause des disettes chroniques qui frappent ce pays. Bien entendu, d’autres paramètres rentrent en compte pour expliquer cette situation, comme la corruption, l’exploitation des ressources du sous-sol par des multinationales sans que la population ne profite de la manne financière, les conflits armés incessants liés aux deux maux précédemment évoqués,...
Des ONG comme Médecins du monde oeuvrent sur place pour sensibiliser les populations quant aux conséquences de grossesses rapprochées, qui fragilisent femmes et enfants :
L’ONU a tout de même annoncé qu’une aide de 14 millions de dollars était débloquée pour venir en aide au Niger :
« Les Nations unies ont annoncé mercredi à Niamey avoir débloqué pour le Niger quelque 14 millions de dollars supplémentaires (plus de 11 millions d’euros) contre la crise alimentaire qui frappe près de la moitié de la population. »
Un peu plus de 11 millions d’euros pour plus de 7 millions de personnes menacées par la famine...
Je n’ose même pas chercher à comparer avec le salaire annuel d’un Thierry Henry ou d’un Benzéma, qui doit dépasser les 10 millions d’euros... pour rester sur le banc le plus souvent. Peut-être que nos très chers footballeurs feront escale au Niger ou au Tchad pour faire oeuvre utile avec leurs grosses primes récoltées sur les pelouses sud-africaines.
Je rêve qu’un jour...
A voir également : Le carnet de route de Melissa Bell qui réalise un reportage sur la crise alimentaire au Niger pour France24.
Pour conclure sur une note optimiste, une vidéo de l’association Rain4sahara qui présente son travail au Niger, auprès des Wodaabe, une population semi-nomade située à l’ouest d’Agadez. On y apprend que seulement 10% d’entre-eux savent lire et écrire le français (langue officielle du pays), qu’ils subissent de plein fouet les conditions climatiques très difficiles et que leur mode de subsistance traditionnel (élevage du bétail, commerce) ne leur apporte plus assez de revenus pour couvrir leurs besoins. Un groupe de femmes a ainsi pris la décision de chercher une aide auprès de l’association Rain afin de tirer un bénéfice de leurs broderies traditionnelles. Une coopérative a vu le jour et la commercialisation des broderies aux Etats-Unis et au Niger, fournit des revenus vitaux pour les Wodaabe. A noter que la moitié de l’argent récolté est utilisée pour fournir une scolarité digne de ce nom à leurs enfants.
Les femmes participant au projet ne souhaitent qu’une chose : que leurs enfants aillent à l’école, coute que coute et qu’ils puissent aller étudier ailleurs pour devenir enseignants par exemple, et apporter en retour leurs connaissances aux familles Wodaabe.
Crédit photos : Panoramic - - © MSF - - © SIPA - - Courrier International - - France24
Source : http://www.agoravox.fr
Tags : millions, niger, alimentaire, crise, aide
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