• L’air du temps : odeur de pétrole

    A l’heure actuelle, notre pays fait face à un nouvel enjeu: celui du pétrole et de la gestion de ses retombées. En effet, à l’heure où l’on s’achemine vers l’inauguration de la raffinerie de Zinder, d’où jaillira le premier litre de pétrole ‘’made in Niger’’,
    les spéculations vont déjà bon train. Les préoccupations tournent notamment sur le coût de l’essence qui sera appliqué à la pompe pour les consommateurs nigériens. Aussi, de l’avis général des Nigériens, l’inauguration du premier baril de pétrole à la raffinerie de Zinder marquera le début d’une nouvelle ère de bombance. En effet, à travers les débats déjà en cours autour du prix du litre de l’essence qui sera appliqué pour les consommateurs locaux, il y a une forte dose de rêve et d’illusion. Se limitant à croire que la fixation du prix des hydrocarbures (même si produites sur place au Niger) pourrait se faire au seul gré de l’humeur des uns et des autres, beaucoup d’observateurs s’attendent à une véritable dégringolade du coût de l’essence.

    S’il est légitime d’aspirer à une pleine jouissance des retombées du pétrole qui jaillira des puits de l’Agadem, il n’en est pas moins vrai qu’il faut tenir compte de certaines réalités. Par exemple, le fait que notre pays évolue dans certains grands ensembles économiques intégrés, dont l’espace unifié de l’UEMOA. Là, nous sommes dans une situation où les huit pays membres de l’Union évoluent dans un marché commun au sein duquel les citoyens de tous les Etats membres peuvent exercer des activités commerciales en allant d’une frontière à une autre sans contraintes majeures. Alors, la question qu’on doit se poser, c’est de savoir comment le Niger pourra vendre l’essence à ses citoyens à un coût dérisoire, sans créer une spéculation très monstre autour des hydrocarbures ? Ça, on peut déjà s’en faire une idée précise en se rappelant que dans un passé très récent, notre pays était le seul à exonérer les hydrocarbures pour éviter que la réalité des prix se traduise dans toute sa rigueur chez nos concitoyens. A quoi avions-nous assisté ? En réalité, cette exonération profitait beaucoup plus à des ressortissants de certains pays voisins qui ont réussi à créer des réseaux très actifs de contrebande qui pompaient l’essentiel du stock mis sur le marché nigérien pour le revendre au-delà des frontières à des prix de loin plus chers. Loin de nous l’idée d’inciter les autorités compétentes à fixer des tarifs plus chers, il s’agit simplement de faire comprendre aux uns et autres que la question n’est pas si simple qu’on le croit.
    Au demeurant, nous estimons que pour jouir au maximum, en toute quiétude, et surtout durablement, de la manne du pétrole, chaque Nigérien doit comprendre la portée de l’enjeu et agir en conséquence. Nous devons privilégier l’intérêt général et éviter de nous faire divertir par les pêcheurs en eau trouble, en n’ayant en tête que la seule volonté de redonner au peuple nigérien les moyens de sa croissance économique. De sa dignité, tout court…

    Assane Soumana

    Source : Sahel Dimanche

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