• Insécurité alimentaire : la vente des vivres à prix modérés est-elle la solution ?

    La nouvelle est tombée raide comme un couperet : 7.778.000 nigériens, soit 58% de la population du pays, sont menacés par la famine. Dans ce lot figurent 3.5 millions en situation de crise alimentaire sevère. La gravité de la situation a conduit le gouvernement de transition à tirer sur la sonnette d’alarme en lançant un appel à l’aide internationale. En attendant que les annonces déjà faites par certains partenaires se matérialisent, une opération de vente de céréales à prix modérés a été initiée par les autorités. Ces genres d’actions - qui, du reste, ne sont pas une nouveauté dans ce pays dans la mesure le régime de Tandja Mamadou, il faut au moins le lui reconnaître, a eu le mérite d’en faire son cheval de bataille – visent à casser le prix pratiqué sur le marché afin de soulager la souffrance des populations. L’effet est incontestablement soulageant et l’action unanimement saluée par le peuple. Mais, en dépit de son efficacité, la vente des vivres à prix modérés ou même leur distribution gratuite est-elle la vraie solution au récurrent problème de famine ou de crise alimentaire au Niger ? Il nous semble que non. Il nous faut d’ailleurs envisager des solutions durables et nationales. En effet, c’est même notre système de production agricole qui doit être repensé à travers des mesures concrètes et pragmatiques :

    Les forces de production : au Niger, nous assistons à une urbanisation de plus en plus accelérée de la population avec l’installation progressive dans les centres urbains des populations rurales. Au finish les villages se dépeuplent au profit des villes avec comme conséquence l’abandon total ou partiel des travaux agricoles. Et quand on sait que raresont les agents de l’Etat et les citadins qui pratiquent l’agriculture, il va sans dire que la production agricole ne s’en trouve que diminuée.

    - Les moyens de production : il n’est un secret pour personne que les moyens matériel ou même les techniques utilisées dans la production agricole sont archaiques et inadaptés au contexte actuel caractérisé par une forte demande. Ainsi, l’utilisation des hilaires ou autres houes doit être dépassée. Ce qu’il faut désormais, c’est la mécanisation de l’agriculture. A ce niveau, la mécanisation, telle qu’appliquée par le régime Tandja doit être relancée mais réorientée. Il ne s’agit plus de vendre, même avec des conditions souples de paiement, des tracteurs qui coûtent cher et dont l’entretien est tout autant chère pour le commun des nigériens. L’accent pourrait être mis sur l’achat et l’utilisation des charrues à traction animale, ce qui a l’avantage de résoudre le problème de la quantité, celui de l’entretien,mais aussi et surtout d’utiliser les services des structures locales de production de matériel agricole. A ce niveau, des structures comme le crédit agricole pourraient être réssuscitées et mises à contribution.

    - Le mode de production : quand le feu général Seyni Kountché insistait sur les cultures de contre saison beaucoup de nos concitoyens n’avaient pas perçu la portée de cette politique. Mais ceux qui l’ont comprise arrivent, depuis lors, à s’auto suffire. Nous devons dorénavant comprendre et nous convaincre que la plus grave erreur que nous puissions commettre, c’est celle qui consiste à se fier aux caprices de la nature. Il est grand temps de comprendre, à la suite du philosophe René Descartes, qu’avec les progrès de la science et de la technique, l’homme pourra se rendre comme maître et possesseur de la nature. Il s’agira alors de suppléer aux aléas climatiques notre ingéniosité, à travers les cultures irriguées. Nous disposons d’un héritage énorme, notamment les terres récupérées dans le cadre du programme spécialet il faudrait utiliser ces terres afin d’accroître la production.

    - Le soutien de l’Etat et des ONG: il ne s’agit pas de théoriser seulement, encore faudrait-il passer à l’action. Et pour cela, les structures étatiques avec l’appui des projets et ONG doivent non seulement encourager matériellement toutes les initiatives de ce genre mais aussi encadrer les producteurs par le truchement de la formation et des conseils.

    Seulement tout ceci ne franchira pas le seuil d’un simple rêve si tant est que les mentalités n’évoluent pas. A commencer par cesser d’avoir de l’aversion pour le travail manuel, à la manière de ces grecs antiques. Nous devons revenir à la terre. Et les agents de l’Etat doivent donner l’exemple surtout que ceux, parmi eux, qui essaient l’agriculture savent que même une production annuelle de 2 à 3 sacs constitue un grand ouf de soulagement et permettrait d’affecter les sommes destinées à l’achat des céréales à autres choses, ne serait-ce que pour quelques mois. En tout cas, ils ont tout à gagner.
    H.A.A.


    Source :
    Le Gardien

    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :