• Filière oignon au Niger : oignon où es-tu ?

    On assiste de plus en plus à un rehaussement du prix de l’oignon sur nos marchés. Selon certaines sources, cette cherté de l’oignon que beaucoup de consommateurs ne comprennent pas, est due au fait que, la plus grande partie de la production est destinée à l’exportation. Cette production est pourtant importante parce que l’oignon est cultivé un peu partout dans notre pays surtout dans la région d’Agadez notamment à Tabelotte, à Baguezam, et dans la région de Tahoua notamment à Galmi et environ. L’oignon est cultivé aussi dans les villages des alentours de Niamey, Torodi, Loga etc. «La culture de l’oignon nécessite beaucoup d’attention, d’engrais et de l’eau. On peut donc le citer parmi les légumes saisonniers quant on sait que la saison pluvieuse ne dure que 3 mois. C’est donc avec les mares et les puits que les agriculteurs parviennent à arroser leurs cultures», a indiqué Elh. Mohamed Moussa, agriculteur et vendeur d’oignon

    D’après lui, le véritable problème dans la culture de l’oignon est celui de l’eau. En effet, «l’eau n’est pas en abondance et même si on la trouve, les moyens de production restent rudimentaires. Pour ceux qui possèdent des moteurs, le problème de carburant, qui est aussi cher, se pose. C’est ce qui fait que l’oignon est cher dès la source», a-t-il expliqué. Ils ajoutent que, ce sont les commerçants du Nigeria qui viennent acheter l’oignon à Agadez et beaucoup d’agriculteurs préfèrent leur vendre ce qu’ils produisent parce que ça leur rapporte plus de bénéfice. « Une partie est acheminée selon lui à Niamey pour alimenter les différents marchés. Le restant est destiné à l’exportation. Les principaux pays demandeurs sont la Côte d’Ivoire et surtout le Ghana », a-t-il indiqué.  M. Adamou Harouna, un des superviseurs, que nous avons approché au dépôt de la rive droite où sont stockés les sacs d’oignon destinés à l’exportation, explique que, chaque jour, les commerçants, les dockers attendent impatiemment l’arrivée des camions qui viennent parfois en groupe de cinq. « Mais maintenant on n’enregistre que 2 à 3 camions qui ne sont même pas des fois remplis », ajoute t-il. M. Adamou Harouna précise aussi que, pendant le mois de  septembre, on peut enregistrer 5 à 10 camions par jour qui viennent d’Agadez et 4 à 5 qui partent pour le  Ghana. En  ce moment, le sac de 50 Kg  se vendait à 15 000 F, mais maintenant la demande est forte. Il ajoute qu’aujourd’hui, on enregistre que 2 à 3 camions par jour et parfois ils ne sont même pas remplis puisque normalement un camion doit à peu prés contenir 300 sacs de 50 Kg. Le sac est  vendu à 27 000 FCFA. Le lieu de stationnement des camions situé près de la Douane à la Rive Droite est devenu une sorte de marché où s’effectuent beaucoup de transactions. Là-bas, en effet, certains sacs sont vendus sur place par contre d’autres subissent un triage, afin d’enlever les petites gousses et celles qui ont commencé à pourrir. Cette catégorie d’oignon est vendue sur place à des femmes qui en ont fait leur commerce. Elles les achètent moins cher et les revendent en sachet de 50 Kg. Comme nous a indiqué Ramatou, une d’entre elles, l’oignon est trop cher aujourd’hui. « On ne s’en sort pas trop, je les revends en détail en raison de 50 F à 100 F, le sachet. Je circule dans les quartiers pour les revendre, parfois je fais des bénéfices, parfois non», explique-t-elle. L’autre facteur lié à la cherté de l’oignon est celui du carburant. Or, « de septembre à décembre, c’est l’oignon d’Agadez qui est sur le marché. Celle de Galmi qui est  tardif ne commence  qu’en décembre. Et d’ailleurs cette année, il faut attendre ce mois de janvier », a affirmé M. Ibrahim Mahamane, un revendeur. Il y a aussi, le mauvais état des routes surtout Arlit, Tahoua, Agadez qui rend le transport dur et lent, le problème des taxes communautaires, les barrières routières et l’épineux problème du pont bascule qui font qu’une fois à Niamey, l’oignon est vendu plus cher a indiqué Elh. Mohamed Moussa qui pense que « ces taxes doivent être revus puisque c’est produit au Niger et consommé dans la majorité par des Nigériens ».

    M. Adamou Harouna a évoqué  un autre problème relatif à l’emplacement de  la gare où s’effectue la plus grande partie du travail de l’oignon. Avant, a-t-il indiqué, ils s’étaient installés au quartier Gamkalé. Après une interpellation de la mairie, ils se sont implantés au quartier Banguisto, à la rive droite où ils ont été contraints par les inondations de quitter les lieux pour s’installer aujourd’hui, à l’ancien poste de police près de la Douane. « Pendant la saison pluvieuse, beaucoup de nos marchandises sont emportées par la pluie puisque nous sommes dans un coris. Nous avons besoin d’un comptoir commercial pour vendre notre oignon. Puisque ici, pour chaque camion qui arrive, on doit verser 10 000 F à la mairie. Nous avons une parcelle et nous lançons un appel aux autorités et aux partenaires sociaux pour nous aider à la construction d’un comptoir commercial», a-t-il expliqué.  Cette cherté de l’oignon se répercute sur nos marchés, particulièrement au niveau du panier de la ménagère qui achète aujourd’hui, la tasse au petit marché de Niamey à 3000 F. De ce fait, les petits détaillants qui opèrent dans les quartiers n’arrivent plus à s’en sortir. Certains d’entre eux ont même cessé de vendre l’oignon, par contre d’autres parviennent tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu, c’est le cas de Mahamadou Maï Kayamiya. « La démi tasse ne peut contenir parfois que 8 oignons. Je partage chaque oignon en 2 et je vends le morceau à 50 F. Les femmes ne sont pas contentes mais elles achètent car c’est mieux que rien» Chez les femmes, certaines s’abstiennent de mettre l’oignon dans la sauce et utilisent d’autres condiments. C’est dire que, des efforts doivent être fournis pour améliorer ce secteur afin que les agriculteurs et les consommateurs puissent trouver chacun son compte.

    Camara Hannatou Mahamadou

    Source : Le Sahel

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