• DELESTAGES AU NIGER : Le cordonnier mal chaussé

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    Un aperçu des installations de l’usine de la Nigelec (Société Nigérienne d’électricité) à Goudel. Ici, des citernes de Gazoil et de Fuel.

    Le Niger, le pays de Hamani Diori, a célébré, le 3 août dernier, la cinquante et unième année de son accession à l’indépendance. Cinquante et un ans de souveraineté et d’autodétermination politiques, ça se fête avec faste. Surtout pour un pays qui a le vent en poupe, et qui fait la pige aux autres dans la sous-région, depuis l’organisation réussie et sans grabuge du dernier scrutin présidentiel.

    Une élection à l’issue de laquelle vainqueur et vaincu ont décidé de se tenir les coudes dans l’intérêt supérieur de la nation. Et c’est malheureusement en ce moment que des hommes en treillis, sans doute réfractaires à toute démarche démocratique, ont voulu attenter à la vie du chef de l’Etat.

    L’Afrique n’a plus besoin de soldats d’opérette, mais de soldats consciencieux et responsables qui ne perdent jamais de vue le sens de leur sacerdoce. Toutefois, s’il est vrai que le Niger a réalisé un exploit en matière de démocratie et de bonne gouvernance, on en vient à déplorer qu’en cinquante ans d’indépendance, il soit en proie à des délestages intempestifs. En effet, depuis plusieurs jours, le pays est paralysé par de longs délestages qui perturbent toute activité économique et sociale si fait que des habitants, fort exaspérés, ont envahi les rues pour manifester publiquement leur ras-le-bol. Cela est pour le moins regrettable si l’on sait que le Niger est présenté comme le premier pays africain producteur de l’uranium, matière première dont se servent bon nombre de nations industrialisées pour produire de l’énergie nucléaire.

    Certes, le Niger n’a pas suffisamment de moyens, nous dira-t-on, pour se doter d’une centrale nucléaire. Mais, à moins qu’il n’y soit totalement opposé, qu’est-ce qui l’empêche de poser ce besoin comme un préalable dans la signature des contrats d’exploitation avec ses partenaires étrangers ? Qui plus est, le Niger est un des pays sahéliens où rien que la lumière solaire à elle seule, si elle était valorisée, pourrait résoudre durablement ces récurrents problèmes de coupures d’électricité qui suscitent indignation. En vérité, le Niger, au regard de ses énormes potentialités, aurait pu produire de l’énergie au point d’en exporter. C’est vrai qu’il est prévu de coupler au barrage de Kandadji une centrale hydroélectrique de 130 mégawatts.

    Mais, en attendant, voilà le Niger groggy comme un cordonnier qui s’échine à ressemeler les souliers des autres alors que les siens sont dans un état piteux. Et dans ce sillage peuvent être logés bien des pays africains comme le Congo Brazzaville, la République démocratique du Congo, le Nigeria, la Guinée, etc., qui constituent des scandales géologiques, mais qui, en matière de politique énergétique, tirent le diable par la queue, obligeant ainsi les populations à s’indigner publiquement.

    Le comble de l’indignation, c’est surtout quand on apprend qu’en dépit de tout, le Niger dépend à 80% du Nigeria pour son électricité. Il est pourtant peu de dire que quiconque dépend du Nigeria sera régulièrement éprouvé, puisque ce pays est constamment en proie à des turbulences sociales de tout genre. A vrai dire, il est temps que les dirigeants africains prennent la mesure du péril pour mener un diagnostic sérieux et sans complaisance sur les sempiternels problèmes de délestages, car toute politique de développement en dépend.

    Boundi OUOBA

    Le Pays

    Source : ActuNiger.com

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