• Chèvre rousse de Maradi : plus qu’un symbole, une ressource .

    Chevre_Rousse_MaradiDans le chapitre des symboles attribués aux différentes régions du Niger, c’est la race de la chèvre rousse qui  symbolise la région de Maradi. C’est un animal que l’on décrit par son équilibre, sa finesse, l’harmonie de sa forme et de sa couleur. Mais ce n’est pas tant la beauté de ce petit ruminant qui lui donne son importance : l’élevage de la chèvre rousse est d’un intérêt économique évident.

    Classée dans la population caprine du Fouta Djalon,  et appartenant au groupe de la chèvre de savane, la chèvre rousse  de Maradi, se distingue cependant  des autres espèces par son poids beaucoup plus important, sa conformation, sa prolificité, et surtout sa couleur rousse qui lui vaut ainsi son nom. Selon  les spécialistes, la taille et le caractère prolifique de cette race de chèvre pourraient s’expliquer par un croisement avec des chèvres de forêt.   La chèvre rousse  n’est pas à confondre, comme c’est le cas souvent,  avec celle qui est rouge,  et que l’on trouve un peu partout.  La chèvre rousse peut être présentée  comme un label du Niger, particulièrement de la région de Maradi qui est considérée comme son  foyer. Ce qui n’est pas tout à fait arbitraire.  En effet, jusqu’à une certaine époque, c’est  dans cette région du pays que l’on retrouvait la plus importante partie de la population de la chèvre rousse.

    Cette espèce animale particulière est très recherchée. Plusieurs raisons expliquent le choix que portent les éleveurs, mais aussi les consommateurs sur cet animal. Elevée dans de bonnes conditions la chèvre rousse se multiplie rapidement. Elle peut mettre bas deux fois par an. Dans certains cas, cette chèvre  peut mettre bas jusqu’à  quatre petits en une seule gestation. Son élevage  constitue une importante source de richesse pour les éleveurs. C’est une activité qui procure  des revenus substantiels. Dans la plus part des villages du Niger, l’autonomie  financière des femmes   résulte  de l’élevage cet animal.   En fait l’élevage de la chèvre rousse contribue sensiblement à la lutte contre la pauvreté. En période de crise alimentaire, ce qui est assez fréquent avec les mauvaises campagnes agricoles, ces chèvres rousses sauvent beaucoup de famille, car c’est avec l’argent provenant de leur vente que les céréales  sont achetées.   Sans doute, du fait de ces  multiples avantages liés à son élevage, et de sa facilité d’adaptation, la chèvre rousse a franchi son aire initiale  de dispersion pour se retrouver dans toutes les  régions du Niger. Selon une étude de  2006, la population de la chèvre rousse dans la région de Maradi qui était considérée comme son foyer dans le pays, ne représente que   34,8% du cheptel national.  Dans la région de Dosso, la chèvre rousse représentait  32% du cheptel national, tandis que pour  les régions Zinder et Tahoua  les  taux étaient respectivement de 15% et 9,4%. 

    Et  la demande,  de la chèvre rousse est de plus en plus grande sur les marchés  à bétail.    La chèvre ou le bouc pouvant se vendre jusqu’à 17.000 ou 20.000 FCFA. Ce qui constitue  une importante plus value pour les éleveurs, relève Dr Ali Laouali le directeur régional de l’élevage.    

    L’animal  est acheté pour sa viande,   et aussi sa peau très prisée surtout en Europe. Comme les autres espèces animales, la chèvre rousse du Niger est un produit d’exportation, qui se vend bien dans les pays de la sous région. 

    Une ressource à sauvegarder

    C’est  un  important capital que le Niger a voulu sauvegarder, et améliorer en créant depuis 1963 le centre secondaire d’élevage caprin de Maradi.  Ce centre devrait ainsi assurer la sélection et la vulgarisation de la chèvre rousse. Ce qui devrait permettre de préserver sa pureté.   Le centre a ainsi fourni pendant une dizaine d’année  son partenaire,  le projet chèvre rousse. Des boucs ont été achetés et placés dans des villages de la région de Maradi, auprès  des groupements féminins à des fins de croisements. Cette expérience, explique,   le directeur du centre  M Nouhou Moussa, qui s’est déroulée sous l’encadrement des équipes du  projet et des agents des services de l’élevage a été un véritable succès.   Depuis,   le centre qui ne compte maintenant que quelques centaines de têtes, est à la recherche d’appuis et de partenaires pour continuer à assurer pleinement sa mission. Entre autres difficultés auxquelles il est confronté, maintenant, il y a l’insuffisance  du personnel, auxiliaires surtout et l’absence de clôture, ce qui expose les animaux au brassage avec d’autres races de chèvres. Mais de leur  côté les  femmes qui mesurent bien les avantages liés à   la chèvre rousse, continuent à maintenir l’élevage sur le terrain dans les villages seules, ou sous l’encadrement des agents des services de l’élevage.  « Ces femmes qui ont compris l’importance économique de l’élevage de la chèvre rousse vont pouvoir sauvegarder les acquis. » estime Dr Ali Laouali.   C’est auprès d’elles que le PAC2,  le PPILDA , Save Children ont acheté des dizaines de milliers de têtes de chèvres rousses qui ont été redistribuées  au niveau des ménages dans le cadre d’une opération de reconstitution de cheptel suite à la crise alimentaire de 2010, lorsque les éleveurs ont déstocké leur cheptel pour acheter des vivres. 

    L’initiative 3N  « les nigériens nourrissent les nigériens » du Président de la République qui est aujourd’hui d’actualité, pourrait être dans son volet élevage, une occasion pour redynamiser les centres de recherche ou de sélection  sur la chèvre rousse.  Ce qui éviterait au Niger de se faire ravir la vedette par les pays voisins dont la demande en  chèvre rousse et surtout en mal géniteurs est de plus en plus croissante.

    Souley Moutari, ONEP Maradi

    Source : Le Sahel  

     
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