• 10 ans pour lutter contre la désertification

    Un «commiphora africana» mort, retourné sur sa couronne, dans la vallée de l'Azawagh au Niger.
    Un «commiphora africana» mort, retourné sur sa couronne, dans la vallée de l'Azawagh au Niger.
    Edmond Bernus/IRD

    Par Marion Wagner

    C'est ce lundi 16 août 2010 le coup d'envoi à Fortaleza, au Brésil, d'un cycle de 10 ans de lutte contre la désertification dans le monde. Ce grand rassemblement international regroupe chercheurs, représentants de la société civile et politiciens de 90 pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine et d'Europe. Lancée par les Nations unies dans le cadre de l'ouverture de la deuxième Conférence internationale sur le climat et le développement durable dans les régions semi-arides, la «Décennie de la lutte contre la Désertification (2010-2020)» vise à assurer la subsistance d'un milliard de personnes dans près de cent pays du monde.

    La désertification ronge une grande partie de la planète : 40 % du globe, où vivent plus de 2 milliards d'hommes et 50 % du bétail mondial. L'activité humaine et le changement climatique y sont désignés comme les principaux responsables du phénomène. Pascal Burger, directeur du centre d'action et de réalisation internationale (CARI), une association qui s'attaque notamment à la lutte contre la désertification en Afrique, en connaît bien les conséquences : « ce sont les successions de sécheresses qui provoquent l'aridité, qui est un phénomène beaucoup plus long et qui a un impact sur les ressources naturelles, la vie de la terre et des sols. Petit à petit le sol meurt, jusqu'à aboutir à la désertification. Et la dégradation des ressources naturelles pour les gens qui en vivent crée encore plus de pauvreté ».

     
    La tenue de cette conférence et le lancement de la lutte apparaissent fondamentaux pour envisager une amélioration des conditions de vie dans les pays touchés par la sécheresse. Se pose alors la question des actions mises en place par ces grandes mobilisations internationales. Derrière les commissions, les groupes de travail, les rapports, certaines actions concrètes sont menées. Dans le sud du Maroc par exemple, où Pascal Burger a mené une action en faveur du développement durable. « Nous avons constaté dans une production de henné que les feuilles étaient vendues par les producteurs à faible prix aux grossistes. Nous avons obtenu la première certification biologique dans la production de henné. C'est toujours le même henné, et la même quantité produite mais on a donné 10 fois plus de valeur au produit qui se vend 10 fois plus cher et crée 10 fois plus de revenus à partir de la même production ».
     
    Concevoir l’action à long terme
     
    Un exemple parmi d'autres de résultat concret, à associer à la première Conférence internationale sur le climat et le développement durable qui s'est tenue en 1992. Même si, sur le terrain, les limites de ces grands rassemblements politiques se font sentir. Jacques Servain, qui travaille pour l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Fortaleza et a participé à la conférence de 1992 estime que l'action concrète doit avant tout être locale : « Il s’agit avant tout de bien gérer des réservoirs d'eau : quand il y a des précipitations, essayer de sauvegarder l'eau pour pouvoir la redistribuer ensuite pendant la saison sèche. Cela relève d'une action politique à long terme. Souvent les politiques ici voient les choses à court terme. Plutôt que de faire un réservoir qui assure de l'eau à 5 000 habitants ils font appel à des sociétés privées qui distribuent de l'eau à la population dans des camions citernes ».

    Et la volonté politique sera décisive. Si l'ONU qualifie la sécheresse de plus grand défi environnemental de notre époque, la conférence intervient, de l'aveu de nombreux participants à Fortaleza, dans un climat politique pessimiste vis-à-vis de la question climatique. Il s'agit encore de dépasser l'échec de la conférence de Copenhague pour inscrire dans l'agenda politique mondial la lutte contre la désertification.

     

    La Convention des Nations unies pour la Lutte contre la désertification a été adoptée à Paris, en 1994. Elle est entrée en vigueur en 1996.

    Six millions d'hectares de terres agricoles disparaissent chaque année à cause de la progression de la désertification, un phénomène aux causes multiples -à la fois naturelles et anthropiques- et qui touche presque un tiers des terres émergées et tous les continents.

    La désertification est une cause négligée, alors que le phénomène touche presque un tiers des terres émergées et tous les continents et menace 2 milliards de personnes dans le monde. Ainsi, à l'horizon 2025, l'Afrique pourrait bien ne plus pouvoir nourrir qu'un quart de sa population.

    Pour en savoir plus :

    Lire : 
    Sept.2007, Course de vitesse contre la désertification
    Juin 2007, Lutte contre la désertification, une urgence oubliée, par D.Raizon, RFIJuin 2006, Mobilisation contre la désertification
    Nov.2006, Le réchauffement menace l’Afrique, par Antonio Garcia, RFI
    Juin 2005, Quand le désert avance, le monde meurt, par Valérie Gas, RFI

    Consulter les sites :
    - de Forum pour le Partenariat avec l’Afrique Unité de Soutien
    - de jeune Afrique / Environnement : l'Afrique menace de quitter le sommet de Copenhague
    - de l’IRD
    -de l'OMS
    - de la FAO

    Source :  RFI

    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :